Ma Vision du QìGōng poétique…
Oui ! Le QìGōng est poésie. Les mouvements de QìGōng dans leur lenteur, dans leurs précisions et dans leur souplesse nous invitent à ressentir et à être connectés à la Grâce, à l’indicible, à la Paix intérieure. Nous entrons dans une atmosphère où l’espace-temps prend une courbe infinie, où chaque respiration nous renforce dans tout notre être.….
Lorsque nous traduisons du chinois l’appellation d’un mouvement de QìGōng, nous pouvons tomber sur des perles. Par exemple, nous avons le 6ième mouvement du DáoYǐn YǎngShēng Gōng Shí èr Fǎ intitulé « 犀牛望月 » (xī niú wàng yuè) qui peut être traduit par « le rhinocéros regarde la pleine lune ». Imaginons-nous un instant être un rhinocéros. Nous sommes cet animal puissant, ferme, lourd et déterminé. Nous avons une peau dure et épaisse. Nos mouvements sont lents et ancrés. Et nous tournons notre corps vers l’arrière dans une torsion ample. Nous pouvons ainsi voir dans le Ciel la Lune et sa lumière envoûtante. Nous la caressons de notre regard de rhinocéros. Nous contemplons ce spectacle dans un silence entrecoupé de râles satisfaits.
Il y a d’autres noms de mouvements que j’aime beaucoup comme « Le Coq d’Or annonce l’Aube », « Le pêcheur demande son chemin » ou encore « Le vieil arbre enchevêtre ses racines »…
Nommer le Mouvement, c’est lui donner une façon de l’aborder, de l’approcher, de l’apprivoiser. Il est empreint d’un tonus, d’une image, d’une voie qui donne accès à une énergie puissante et lumineuse. Comment vivons-nous le mouvement dans notre intimité, dans nos profondeurs ?
Pratiquer le QìGōng poétique, c’est avoir accès à une partie de son Essence.
La Poétique qui peut déjà être inscrite dans le nom du mouvement se manifeste bien au-delà, à savoir dans la gestuelle avec le déliement, dans le rayonement avec la connaissance, dans la prestance avec le lâcher. C’est parce que nous prenons conscience du mouvement et de son cheminement que nous pouvons y mettre de la présence. Nous devenons le mouvement.
En QìGōng, nous parlons sans cesse de la détente, du relâchement. Il ne s’agit pas de se laisser aller au gré du vent ou des émotions. Il y a un équilibre fin, habile et omniprésent entre le faire et le non-faire, entre la tension et le relâchement, entre le vide et le plein. Pour certains mouvements, nous sommes dans un étirement profond d’une partie du corps tout en relâchant les fascias, les chairs et les tendons au mieux dans l’ensemble de notre corps. Nous pouvons ainsi faire coexister deux états car nous sommes dans la manifestation de la complémentarité et non de l’opposition.
Avant de commencer une séquence de mouvements de QìGōng, le professeur et Maître Zhang Guang De a créé une petit poème qui nous invite à nous centrer, à nous recentrer, à nous calmer, à nous apaiser, à nous ouvrir à cette nouvelle dimension de la Conscience, à ce chemin que nous balisons chaque jour pour évoluer… Le voici :
La nuit tombe, tout est calme (夜蘭人靜) Oublions les 10.000 soucis de la vie (萬慮拋) L’Esprit est au Dan Tian (夜蘭人靜) Les 7 orifices du visage sont clos (封七竅) La respiration se calme (呼吸徐緩) La langue est au palais (搭鵲橋) Le corps s’allège et s’envole (身輕如燕) Comme l’hirondelle vole vers les nuages (飄雲霄)
Si le QìGōng peut nous connecter à notre poésie intérieure, elle nous offre aussi la possibilité de faire le Vide, de créer de la place pour exprimer notre créativité et notre authenticité.
Voici un poème que la pratique m’a inspiré !
« Virevoltant, le jeune Vent déguste Les contours et les détours des silhouettes… Dans ses caresses aux doigts pirouette S’ouvre avec délicatesse le Cœur du Juste
Et qu’est-ce donc la Patience ? Deux regards s’unissant dans leur brillance Les flammes immobiles d’une horloge céleste La rencontre alchimique du tournesol et du sébeste
Lorsque l’invisible fait de la magie du moindre geste Et que sa pair, le visible, reste à peu près modeste Que voyons-nous se profiler au large de l’infini ? Comment habitons-nous une symphonie ?
Ancrée dans les profondeurs, la Montagne soulève Avec détermination le voile des peurs multiples Il est long le cheminement évolutif du disciple Et tellement beau aussi que son corps s’élève
Cet Être qui se connecte à la Source originelle Se centre, s’illumine dans le vortex passionnel Où toutes ses cellules rayonnent telle la callune Accompagnée des senteurs douces de l’agrume...
La Danse et son mouvement multiple Se couple au Chant de l'Oiseau Elle Nous révèle notre Beauté intérieure, Unit tous les êtres dans un souffle sacré
La Fleur de son parfum insolite Appelle la Bonté et la Douceur Lumière intense rayonnant un feu souple Profondeur de l'eau diffusant le nectar divin »
Lorsque la Poésie coule dans nos veines, nous pouvons aller plus loin et nous ouvrir à un champ plus subtil encore : la Symbolique. Dans une prochaine publication, je vous parlerai de ma vision du QìGōng symbolique.
Bon qì et à bienDao, Mame Shén
Site Web : http://mameshen.com Chaîne Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCJ0xWizFYekM2YJWrqOrE2g
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